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vendredi 28 mars 2008

Turkish Star Wars



TURKISH STAR WARS - CETIN INANC - 1982


Sous-titre : Les Turcs emmerdent Georges Lucas


Genre : Nanar intersidéral, intergalactique, interstellaire


Une fois n’est pas coutume et dérogeant à la règle, voici non pas une bouse, mais un nanar. Pourquoi ? D’abord je fais ce que je veux, c’est mon blog qu’il est à moi ! Et ensuite car il hors de question que je passe à côté d’une telle merveille ! Et d'ailleurs je change le titre du blog en conséquence.....Et alors !!!

Concept du n’importe quoi porté à son paroxysme. Un magnifique divertissement portant le kitsch à un niveau jamais atteint. Le nanar ultime, filmé avec les pieds, joué avec la conviction de celui qui ne doute pas. « Hénaurme » !!!

Dois-je croire qu’un tel film puisse exister ? Arriverais-je un jour à me faire l’idée que j’ai pu visionner un tel métrage ? Dans quel cerveau malade a pu germer l’idée d’une telle bobine qui fait passer toute la production cinématographique accumulée pour des joyaux ciselées avec une finesse sans égale ?

En face d’une de ces oeuvres qui vous donnent une idée de l’infini, de l’immensité de l’espace, on ne peut que se sentir tout petit, une poussière d’étoile perdue au beau milieu du vaste univers.

Il faut le voir pour le croire et même il vaut mieux être croyant pour le voir, car continuer à croire en l’homo-cinématographicus après une telle somme nanardesque ne relève-t-il pas du plus pur sacerdoce ?

Alors de quoi que ça cause dans ce qu’il faut néanmoins appeler un film ?

Un petit mot d’abord s’impose sur la star du film, un certain Cüneyt ARKIN, star du cinéma populaire turque qui a tourné près de 300 films ( tout de même ! ) et en particulier des « hommages « aux grands classiques américains ( Superman, Star Tek, ET, Robin des Bois etc. ) et dans tous les genres populaires ( Western, Karaté, Péplum, SF, Capes et épées, Policier j’en passe et des meilleurs ). A la manière de ses homologues italiens du Bis, il fut la personnalité la plus marquante du cinéma Stambouliote pendant près d’une vingtaine d’année.

Toujours est-il qu’au début des années 80 sa carrière ayant du plomb dans l’aile et ayant apparemment abusé d’un variété locale de drogue dure ( à moins qu’il n’ai du faire un stage dans la prison de « Midnight Express « ), son cerveau malade se mit à écrire le scénario de « Dünyayi kurtaran adam « ( dont la traduction est « L'homme qui va sauver le monde « ) mieux connu des amateurs sous le merveilleux et printanier titre de « Turkish Star Wars « .

Entrons dans le vif du sujet en avertissant le lecteur et le futur spectateur potentiel d’une foultitude de Spoilers à partir d’ici....Top c’est parti !

.. Dix premières minutes d’anthologie où à base de « stock-shots « directement piqués à « La guerre des étoiles « ( même pas peur les Turcs !! ), une voix-off nous plantent le décor et la sombre histoire de l’humanité, histoire écrite sous l’emprise de substances prohibés à n’en pas douté. Je ne résiste pas à vous en faire part....Florilège et morceaux choisis :


"La Terre était menacée d'extinction à cause
du développement incontrôlé des armements nucléaires
...Aucune n'avait pu détruire la Terre
Toutefois, dans certains cas, la Terre s'étaient retrouvées désintégrées en plusieurs morceaux." ( comme le cerveau du scénariste en somme ) «

"Ces fragments de la Terre étaient devenus des météores.
Sur certaines planètes, la vie continuait."

"...Tandis que le monde joyeux et beau était ravagé sans discernement" ( c’est beau comme du Verlaine sous acide )
...Soudain, il croisa la route d'un ennemi mystérieux et très puissant
Notre monde se fragmenta en nuage de poussière sous l'influence des rayons laser de l'Âge Galactique. »

"Qui était cet ennemi ?
Dans quelle galaxie se trouvait-il ?
Les humains n'utilisèrent qu'une seule arme contre cette menace.
Ils créèrent une barrière alimentée
par le cerveau humain et la force de sa volonté( c’est fou ce que l’on peut faire avec un cerveau !!)
Un revêtement fait de molécules de
cerveaux humains compressés protégeait la Terre. ( pas con n’empêche ! ) «

"Chaque attaque transformait un peu plus en nuage de poussière la terre qui s'abritait derrière son bouclier.
La seule chose qui pouvait franchir la barrière était une arme fabriquée à partir du cerveau et de la volonté humaine.
Mais aussi puissantes soient leurs armes, les ennemis
de la Terre n'avaient pas de cerveaux" ( allons bon ! )

« Les humains se lancèrent à la recherche de cet ennemi inconnu,
Les deux plus grands et plus forts guerriers turcs se lancèrent dans l'espace avec d'autres humains et déclarèrent la guerre à l'ennemi inconnu. ( tiens comment ils ont fait ? ). »


Vous étiez prévenu, mais ça fait un choc, je sais....

Après cette entrée en matière on assiste aux combats dans l’espace de nos deux Turcs. Et on les voit assis sur des tabourets, coiffés d’un casque de moto années 50 du plus bel effet et affublés de gros casques pour chaîne HI-FI, faisant semblant de se battre contre les extra-terrestres avec en arrière plan toujours les mêmes images de « Star Wars « ( il doit être content Georges Lucas tiens ).
Ils s’écrasent sur un fragment de planète ( vous vous souvenez que la Terre était en plusieurs morceaux ? Faut suivre.... ) et s’ensuivra une quête initiatique pour sauver le monde du vil tyran dénommé Turkish Darth Vader of course....

Pendant une heure trente, tout ce qui caractérise un nanar de haute volée est présent multiplié à la puissance mille.

Combats en tout genre contre des monstres mi-peluches, mi-PQ, caoutchouc en pagaille, masques peints par des enfants autistes de CM1, filmé à l’arrache, réglé par un fils dégénéré de Bruce Lee et joué à la perfection par deux acteurs souffrant d’arthrite, le tout sur la musique d’Indiana Jones ( la vrai !!! Pas une adaptation à l’orgue Bontempi ).

Morceaux d’anthologie dans l’anthologie conceptuel que représente le film en lui-même, avec une séance de torture où les deux héros sont enterrés vivants sous deux centimètres de terre et une séance d’entraînement formidable qui fait passer Rocky pour une fiotte.

Images piqués sans vergogne dans une flopée d’autres oeuvres ( pêle-mêle citons : Star Wars bien sûr, des documentaires sur l’Egypte, l’Islam, des péplums, un morceau de la Planète des singes il me semble aussi.. )

Montage incohérent, tressautant ( on passe d’un gros plan sur un personnage à une vue du désert à un stock-shot sans raison et sans cohérence ), la musique s’arrête puis reprend, idem pour les bruitages.

Photographie à la patine verdâtre, sûrement due à l’achat d’un stock de pellicule issue de l’Allemagne de l’Est.


Sans oublier les dialogues, monument du n’importe quoi et de l’humour involontaire et c’est ce qui fait toute la beauté du métrage, c’est le décalage entre le sérieux que mettent les acteurs à jouer leurs scènes et la ringardise de que l’on nous montre et de ce qui se dit. Florilège....
Alors que nos deux héros se crashent sur la planète et marche parmi les cailloux du désert :

- « Tu m'en voudrais si je te disais que j'ai peur ? »

-« Tu peux avoir peur, mais ne le montre pas. »

- « Pourquoi ? »

- « Peut-être qu'il n'y a que des femmes sur cette planète. Peut-être qu'elles nous testent pour voir lequel d'entre nous est le plus courageux «

- « Dans ce cas je passe devant. »

- « N'oublie pas de bien gonfler la poitrine. »

Oui je sais c’est du brutal !

Philosophons un peu maintenant avec ce dialogue qui renvoient Platon à l’école maternelle :

- « Tu sais pourquoi la guerre atomique
qui a presque détruit notre monde s'est déclenchée ?
Parce que les humains étaient trop sérieux. «

- « C'est souvent ennuyeux. »

- « S’ils avaient su rire un peu plus,
ils auraient choisi la paix plutôt que la guerre «
.

Imparable et tellement puissant.

Un dernier ?

- « Elle est amoureuse de toi.

- « Non, elle a seulement réalisé la beauté des sentiments.
Elle a réalisé qu'elle était humaine «.

Snif comme c’est beau.

Point trop n’en faut !

La quintessence du nanar, le plus improbable film passé, présent et avenir jamais réalisé, un film qui changera à jamais votre vision du septième art. Un concept ! 10/10




Qu'est ce qui arrive ?
A : L'avocat de George Lucas ?
B : Le jour de gloire ?
C : Le remord ?


Proverbe du Sud : Quand blonde apparaître, Turc devenir prétentieux !


La détresse infinie de l'acteur has-been qui contemple les gros boulets qu'il s'est lui-même attachés au pied.

Une minute trente de bonheur !


3 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est un roc, c'est pic, c'est un cap, que dis-je c'est un cap, c'est du carton-pâte !
C'est un incontournable, il faut absolument voir ce chef-d'oeuvre, tout y est, tout, le pire comme le meilleur du pire.
Le montage (son et image) est proprement hallucinant et psychédélique, ça casse les yeux, ça casse la tête, ça casse tout ce que vous pensiez connaître du cinéma. C'est une vraie leçon de liberté formelle (oui, tout est possible, oui, on peut tout faire !) et de culot.

CAMIF a dit…

" C'est un roc, c'est pic, c'est un cap, que dis-je c'est un cap, c'est du carton-pâte !"

Joli, très joli. J'aurais bien aimé y penser !!

Tromatojuice a dit…

Bein, je dis chapeau. Melon ou pas d'ailleurs. Botte de cuir j'en sais rien, mais ça donne envie !

Sur ce, je retourne regarder d'autres films indépendants, et vachement bien.

Ah, CamiF je te conseille vivement le très sévèrement burné "Sex Slave of the S.S.". Je pense que tu serais capable d'en apprécier toute la saveur.
J'en ris encore.