Votez pour ce site au Weborama

dimanche 4 mai 2008

L'Abîme des morts-vivants

L'Abîme des morts-vivants - Jess Franco - 1982

Sous-titre : L'abîme du cinéma

Genre : Zombie-movie sous valium


Evidemment, un blog sur les bouses et les nanars sans un film de Jess Franco, c’est comme un repas sans fromage, un été sans soleil, un curé sans attouchements, Danny Boon sans sa baraque à frites, bref pas bien, faut pas le faire...

Le sympathique et dorénavant quasi grabataire Jess Franco aurait réalisé entre 150 et 200 films ( même lui n’en connaît pas le nombre ! ) sous son vrai nom ou sous divers pseudonymes tels que : Clifford Brown, Betty Carter, Adolf M. Frank, Jess Frank, David Khune, Michael Thomas, Dave Tough ou Pablo Villa, pour faire court et non exhaustif.
Du Z horrifique fauché au porno en passant par le policier, l’épouvante, l’aventure ou même du WIP crapuleux, on lui doit des titres aussi variés que poétiques, tels que :
« Les Expériences Erotiques de Frankenstein « , « Les avaleuses « ( bonjour Madame !) ,Les amazones du temple d’or « , « La Comtesse aux seins nus «, « Women in cellblock 9 « , « Phollastia ( parodie porno de la série « Dynastie « ! ).

Une pléthore de navets, de nanars, de mauvais, voir de très mauvais films, mais tout de même quelques petite pépites bis telles que « L’Horrible Dr Orlof « , « Le sadique baron von Claus «, « Les maîtresses du Dr. Jekyll « ou « Les prédateurs de la nuit « .

Jess Franco c’est un peu et même beaucoup le jumeau hispanique de Bruno Mattéi l’italien. Même opportunisme, même désinvolture à filmer à l’arrache, sans budget, sans acteurs ou presque, sans idées originales, mais à tourner coûte que coûte , ce qui force le respect tout de même....

Il serait même venu à mes chastes oreilles qu’il existerait de par le vaste monde, au sein de certaines communautés où règnent un dérèglement hormonale de la logique et du raisonnement, des pervers qui aimeraient et même collectionneraient les films de Franco !! Ce que relève de la pathologie la plus profonde, un enfer personnel peuplé de scénario incohérent, de mauvais acteurs, de filles nues, des dialogues dépourvus de sens et d’intérêts...

Voilà donc un des fleurons ( catégorie : horreur, je surfe sur la vague des films de Zombies ) de cette vaste entreprise cinématographique de Jessounet : « L’abîme des morts-vivants « .

Oh bien sûr il est facile de proclamer qu’il s’agit surtout de « l’abîme du spectateur « auquel nous assistons, mais loin de moi l’idée de faire ce genre de comparaison..pas le genre de la maison...

Sauf que quand même on touche parfois au sublime dans cette bouillasse qui curieusement a réussie à se faire un petit nom au royaume du nanar, ce qui après tout n’est pas si mal, eu égard à la qualité du produit.

D’habitude les cruches, quand elles sont en congés ou en week-end, vont traquer le mâle dans des endroits pseudos branchés où elle finiront, après le fermeture d’une boite de nuit, à l’horizontale sur le capot d’une automobile à 5 heures du matin entre les mains d’un ivrogne qui lui vomira dessus après un semblant d’orgasme ( mais si, mais si ! ), ici non ! Nos deux cruches se retrouvent dans une oasis en Libye à la recherche du chanteur Carlos qui leur agitera une bouteille de Banga sous les yeux ?? Et bien non ! En fait elle visite, ce qui permet à Franco de faire un long gros plan sur le postérieur des donzelles ( ce qui est toujours ça de gagner notez bien ).

Bon, elles se sont fait chier à arriver ( 15 heures de désert qu’on nous dit, c’est pas rien bordel !), mais enfin elles y sont, on va les y laisser quand même... donc premier dialogue insubmersible d’une longue série :
- La blonde : « Dis donc c’est haut ce machin, là ! «
- La brune : « Ton machin, c’est un dattier «
- La blonde : « Il doit y avoir des dates alors ? « . ( pertinent n’est il point ? )

Puis on a une musique qui fait peur jouer à l’orgue Bontempi et là soudain on frémit !

- La brune : « Tu te rends pas compte, ce sont des arbres millénaires ! «
- La blonde : « Moi je les trouve miteux «
- La brune : « C’est un coin biblique ici « ( On est en Libye je le rappelle )

Puis elles découvrent des trucs bizarres, avec des bruits bizarres aussi et leur jeu d’actrices est bizarre aussi. Un gros plan sur une araignée de la taille d’une mouche, sur une tête de mort, sur une vielle roue, sur un capot de tank orné d’une croix gammée et la tension monte d’un cran ! Elles se font attaquer, enfin on imagine vu qu’elles crient comme de gorets et là générique ! EUROCINE ( un gage de qualité donc ).

Par qui, par quoi se sont elle fait si sauvagement attaquer ? Et bien par des zombies issus d’un convoi de l’Afrika Korps ( donc de vilains nazis ) massacré pendant la guerre et qui depuis haaaaante l’oasis.( ce qui permet de faire un long flash-back historique à base de stock-shot et ainsi d‘économiser la pellicule ).
En fait,on va apprendre et c’est là toute la subtilité de l’intrigue, qu’il y a eu un survivant et qu’il a été recueilli par un Cheikh ( dénommé El karnede...le fameux et mythique Karnede Cheikh ..... et alors si j’ai envie ? ). Bref il a eu un enfant ( le rescapé pas le Cheikh ), dénommé Mike ( et oui Mike Cheikh ! ) et cet enfant décide de retourner chercher le trésor enfoui que transportait le convoi sus nommé.

L’enfant étudiant à Londres découvre à la mort de son Père, une carte au trésor avec l’oasis dessus et décide avec ses amis et amies d’aller chercher le butin ( 6 milliards de dollars, ce qui est une somme il faut en convenir, et ce qui permet de savoir que les allemands à l’époque avaient des dollars et non pas des Marks....oui on s’en fout, mais c’est juste pour montrer que j’ai de la culture.)
Alors parlons en de ses amis ! Des bourgeois habillés et coiffés façon Neuilly à qui on a envie de mettre des mandales ! et au lieu de faire ce que l’on fait dans ce milieu, c’est-à-dire des partouzes, derouler dans le stupre, la drogue et la fornication et bien non, eux ils partent à la recherche du trésor....Y’ a plus de jeunesse, même friquée, Mondo Cane.
- Une autre blonde : « Mais enfin, il n’y a pas que le fric dans la vie ! « ( au milieu d’un appartement de 600 mètres carrés en plein Londres rutilant de lambris, de dorures, de sièges et de meubles qui ne doivent pas venir de chez M.Ikéa ).

Une fois sur place, le rythme déjà insoutenable devient dantesque. De l’action, de l’amour, de l’humour et encore de l’action !

On y rencontre par exemple une sorte de chaman, qui lui, prend les choses en main contre les méchants zombies ; interview de journalistes :

- Le journaliste : « Mais pourquoi faites vous ça ? «
- Le chaman : « Il le faut, sinon ils reviennent. Il faut brûler les corps des hommes maudits ....vous avez rencontrés les sentinelles du grand secret ( allons bon ! )...il le garde après la mort ( ce qui ne sert à rien vu qu’ils sont morts ou alors j’ai pas tout compris, ce qui est possible notez bien ) «

Bref, après moults aventures digne d’un Indiana Jones sous Valium, ils arrivent à l’oasis ( au bout d’une heure d’accord, mais la formidable mise en place des personnages et la complexité de l’intrigue méritait un tel traitement )

- Un des bourges coiffé comme Godeffroi de Bouillon allant au xcroisades : « Y’a que du sable ici « ( en plein désert Libyen, c’est vrai que c’est étonnant, moi j’aurais plutôt pensé y voir de la neige et des remontes pentes, mais Franco est fort pour faire naître la tension et la trouille ! )

Et alors, et alors, et alors !!! Une scène d’un érotisme torride dans une tente au milieu des dunes plus tard ( avec un ex actrice de film porno à qui ça a dû faire tout drôle de devoir parler la bouche vide. )
Ben ils se font attaquer par les morts-vivants. Evidemment les attaques sont féroces, gores, sanglantes, des milliers des zombies se jettent sur eux ( comment ça ils ne sont que quatre ? ), c’est beau, ça fait peur, c’est du vrai cinéma quoi ! . Les morts sortent de sable, mais la plupart de nos héros s’en sortiront par la grâce d’une ingénieuse trouvaille et c’est tant mieux car cela nous donneront ce sublime dialogue finale qui renvoie les pensées de Socrate et de Pascal a des borborygmes Star Académien :

- Le cheikh ( oui toujours là le bougre, faut dire qu’il avait fait des provisions pour traverser le désert....Le cheikh n’est jamais sans provisions comme tout le monde le sait
« Tu as trouvé ce que tu cherchais ?
- Le héros : « Je me suis retrouvé moi-même « .

Puissant et qui pousse à la méditation transcendantale.

Bien sur ce film est une merveille artistique, la réalisation n’est pas bâclée ( pas de zooms tremblotants, pas de prise de vue caméra à l’épaule histoire de dynamiser une intrigue qui n’en a franchement pas besoin).
L’interprétation ferait rougir de honte l’ Actors Studio et la comédie française, justesse du ton, large palette d’émotion, ça sent les longues heures de répétitions et de travail sur soi.
Les dialogues travaillés et ciselés rappellent que Franco peaufinait ses films jusque dans ces moindres détails. Alexandrins, métaphores filées ne sont pas rares.
Les trucages renvoient ad patres les meilleurs maquillages de zombies ( Fulci et Roméro en pleurent encore de rage à ce que l’on dit )
Le multiplicité des décors et le soin apporté aux détails rappelle « Le seigneur des anneaux « .
Et puis et puis la terreur que procure cette bande est au-delà de l’indicible, probablement à cause des effets gores d’une monstrueuse sauvagerie.

Encore une bouse comme je les aime donc.

LASCIATE OGNI SPERANZA, VOI CHE'NTRATE ! (Laissez toute espérance, vous qui entrez ! )

Toute la technique de Jess Franco pour mettre en avant les talents de ses actrices

Cheikh you life : c'est de la boulette !

Mon Dieu : Je joue dans un film de Jess Franco !

Les 6 dernières minutes !! ( si vous arrivez a aller jusqu'au bout !)

4 commentaires:

Unknown a dit…

Pissante ta critique!

Je collectionne les Franco, tu me traite donc de pervert. Mais ça va, j'assume!

--Ghidorah
Acheter et entretenir sa tronçonneuse

CAMIF a dit…

Ah mince !! Désolé. lol
Chacun ses perversions.

Xoan a dit…

Ah une critique d'une justesse désopilante....sacré Jess il en rate pas une !!!

CAMIF a dit…

Merci pour le compliment. Et je passerais le mot à Jessounet.